Des écrans interactifs pour les nourrissons

23/11/2020

Nous sommes, chez ecran-interactif.net, à l’affut des actualités sur les recherches de moyens d’interactions avec les écrans.Nous retranscrivons ici le contenu d’une vidéo éditée par le journal « le monde ».

On y découvre que les interactions, de l’enfant, s’appuient beaucoup avec le regard, avant que celui-ci ne maîtrise le langage articulé.

Nous pensons biens que le titre de cet article va faire peur à plus d’un lecteur ; il n’y a pas de quoi s’inquiéter, cela reste expérimental… Point intéressant ;  le jeune enfant ne touche pas de clavier, ni de souris, il ne dirige pas même son doigt vers une zone de l’écran… c’est un occulomètre (détecteur de mouvement de la rétine) qui est utilisé ici pour développer l’interactivité avec lui

 

Comment les nourrissons  apprennent la grammaire dès les premiers mois de la vie

Aussi petits soient-ils, les humains dès leur plus jeune âge sont de véritables éponges à informations, car si les bébés mettent environ un an pour se tenir debout, l'apprentissage du langage commence lui, bien plus tôt.

Mais comment les bébés font-ils pour apprendre une langue? Et quels sont les facteurs qui leur permettent d'y parvenir?

Ce matin, Salomé et Enéa, tous deux âgées de 12 mois vont aider les scientifiques à percer ce mystère.

Ils ont rendez-vous au BabyLab de l'Ecole Normale Supérieure à Paris, où se rendent chaque année quelques milles bébés accompagnés de leurs parents.

Un laboratoire qui étudie la cognition des tous petits, ses processus mentaux liés à l'apprentissage,

Des équipes de psycholinguistiques s'intéressent notamment à l'apprentissage, de la structure des phrases, de l'organisation des sons dans le langage ou encore à l'influence de l'environnement social, sur le développement cognitif de l'enfant.

Les enfants apprennent beaucoup mieux que les intelligences artificielles, ils ont besoin de beaucoup moins de données, ils sont très efficace et notre grande question c'est: pourquoi sont-ils si efficaces?

Une force des bébés c'est sa capacité à utiliser leur environnement social, de très bien capter les signaux, et du coup on essaye vraiment de comprendre, comment ils font ça et quels sont les signaux sociaux qui sont très importants pour eux?

Les conversations des adultes qui entourent les bébés sont un levier déterminant pour leur apprentissage de la langue.

Bien avant qu'ils ne commencent à parler, les bébés parviennent à deviner le sens des mots grâce à de précieux indices comme leur place dans les phrases.

Pour le vérifier, Mireille Babineau a imaginé une expérience. Elle va faire écouter  à Salomé deux listes de phrases qui comportent des verbes et des noms familiers.

La première liste est grammaticalement correcte tandis que l'autre ne l'est pas. En observant les réactions de Salomé à l'aide d'une caméra, elle peut mesurer son temps d'attention, en fonction des phrases énoncées.

Comme une trentaine d'autres bébés avant elle, Salomé fait preuve d'une attention accrue à l'écoute des phrases grammaticalement correctes, bien qu'elle soit incapable de prononcer les mots utilisés.

La première année de vie, c'est la découverte de son, les enfants vont babiller, vont produire des sons, mais pas nécessairement leurs premiers mots. Donc c'est sûr que, on ne s'imaginait que, à ce stade-là, ils ne pourraient pas comprendre certains principes de base de la syntaxe de la langue où ils ne pourraient pas comprendre le sens vraiment de beaucoup de mots.

Mais en fait, on s'est trompé, parce qu'ils apprennent tout en parallèle, les sons de la langue, le sens des mots, et aussi la syntaxe, donc comment on ordonne, et les liens entre ces mots là. Tout est donné en même temps quand on s'adresse à un enfant, on va utiliser des phrases complètes, donc c'est sûr qu'ils vont absorber le contexte syntaxique et qu'ils vont y prêter attention.

Et cette attention au contexte va faciliter l'apprentissage de nouveaux mots parce qu'ils vont avoir trouvé un indice qui est très important qui est très utile pour deviner le sens de nouveaux mots.

Des écrans avec des applications interactives au service de la recherche

Si l'interaction avec d'autres humains semble être l'une des clés de l'apprentissage,  les bébés d'aujourd'hui évoluent dans un environnement de plus en plus façonné par les écrans, des outils numériques dont les effets sur l'enfant peuvent être néfastes dans certains cas mais qui, bien utilisés peuvent aussi participer à l'apprentissage.

Comment adapter ces outils numériques aux bébés? Le petit Enéa, habituellement très peu exposé aux écrans va aider à le découvrir. Ce repère autocollant placé sur son front va permettre à ShoTsui et à Cécile Crimon de suivre les mouvements de la pupille d'Enéa en temps réel grâce à un occulomètre.

Le petit garçon va devoir relever un défi. Est-il capable d'apprendre un nouveau mot en seulement quelques minutes? Pour le savoir, il est exposé à un écran sur lequel évolue un ours animé interactif. Le mouvement de ses yeux suit les déplacements de ceux de l'enfant.

Les yeux de l'ours vont également pointer différents objets et les associer à des mots.

 

On a testé l'an dernier une cinquantaine d'enfants autours de douze mois, et c'est ce qu'on a vu, c'est qu'ils arrivaient à faire l'association entre ce nouvel objet présenté, qu'ils n'avaient jamais vu avant, et ce nouveau mot qu'on leur a présenté aussi en association avec ce nouvel objet qu'ils n'avaient jamais entendu avant, on le sait parce  qu'on les a inventés.

Donc là ce qu'il nous reste à faire, en testant un autre groupe d'enfants, c'est de voir si c'est cette interactivité à qui a été l'élément clé, dans le fait qu'ils aient réussi à apprendre ce mot nouveau là ou pas.

Donc c'est quelque chose qu'on veut encore bien distinguer. A la différence d'un écran passif, le programme auquel Enéa a été confronté s'appuie sur la notion de contingence temporelle. L'ours se déplace à une vitesse adaptée au regard de l'enfant ce qui capte son intention, comme le ferait un adulte. Mais si naturellement le bébé réagit plus positivement à l'image d'un être humain pour apprendre ce mot, ce dispositif pourrait permettre d'imaginer demain, des programmes à l'intéractivité adaptés aux tous petits en remplacement des écrans passifs.

Au babylab, ici il y a beaucoup de parents, qui posent la même question : est-ce que les écrans sont mauvais? Ou bien pour les enfants, et j'ai trouvé qu'en fait il n'y a pas encore de réponses à ça. Et c'est une motivation pour moi de monter ce programme.

Je crois que savoir si l'interactivité est un élément important, c'est important pour avoir un temps de départ, pour développer ces sortes d'applications.

Après il faut bien sûr être très vigilant et il faudra bien vérifier si un programme marche vraiment ou non, c'est vraiment pourquoi on fait de la recherche pour vraiment comprendre ce qui peut marcher ou non. 

Les découvertes ne doivent pas pour autant, nous pousser à nous adresser à un bébé comme à un adulte, ni à sacrifier ces moments d'échange pour la contemplation d'un écran. Les intonations un peu exagérées que nous utilisons instinctivement vont capter leur attention, et les aider à trouver leur chemin dans l'immense labyrinthe de la langue.

Un sourire ou en regard permettent aussi aux bébés d'associer leur apprentissage à l'émotion. Un parcours vers le savoir qui n cessera de se poursuivre tout au long de leur vie.